Lettre ouverte

Nous, Collectif Citoyen de Porte des Pierres Dorées, demandons l’arrêt immédiat de toute nouvelle implantation de pylônes sur notre commune pour les raisons évoquées ci-après et affirmons que le déploiement de la fibre optique est le moyen le moins polluant, le moins coûteux (en termes de coûts globaux : de la fabrication à la fin de vie du produit), le plus stable et le plus rentable pour réduire la fracture numérique dans nos villages.

Le moratoire était l’une des propositions de la convention citoyenne pour le climat, que le Président de la République s’était engagé à étudier. Il a été écarté d’un revers de main, de façon méprisante, en comparant les opposants au déploiement forcé à des adeptes de la lampe à huile…

Le Gouvernement a choisi, de manière unilatérale et dans une apparente incohérence avec les enjeux majeurs de ce siècle, de favoriser le déploiement de la 5G sur tout le territoire. Aujourd’hui il passe en force, en mettant à bas la loi 2015-136 du 9 février 2015, dite loi Abeille, afin de permettre aux opérateurs une liberté totale dans l’installation d’antennes relais. 

Seulement, l’État comme les opérateurs oublient 4 points cruciaux : 

La question environnementale

Alors que les usages du numérique explosent, on s’aperçoit de plus en plus clairement que la soit disant dématérialisation “écologique” que devait permettre le numérique n’est que chimère. En effet, s’arrêter à l’objet téléphone et à sa praticité c’est mettre de côté les 80% du coût que recèle sa fabrication, fabrication entraînant une toujours plus grande exploitation de ressources naturelles non renouvelable, avec ses corollaires que sont la pollution liée à l’extraction des métaux rares, l’exploitation humaine, dont des femmes et des enfants travaillant dans des mines à ciel ouvert ou des étudiants en stage obligatoire, et un accroissement conséquent de déchets non recyclés. Et en plus la 5G forcera au renouvellement des terminaux. À l’heure où on parle de tri des déchets, de l’importance de consommer moins, de protection de l’environnement, de pollution généralisée… c’est un non sens absolu, qui nous est imposé, nous destituant par là même de tout pouvoir de réflexion et de choix, en concertation transparente, démocratique et documentée avec nos élus. Élus subissant une pression inacceptable et une désinformation permanente de la part des opérateurs sans qu’aucun moyen ne leur soit donné pour penser et agir dans l’intérêt commun.

La question sanitaire

Alors que les appels à la vigilance de par le monde se multiplient, que des médecins, scientifiques, associations et citoyens déposent une demande de moratoire, que la justice italienne reconnaît un lien de cause à effet entre l’usage de smartphone et le cancer, que la justice commence a reconnaitre le bien fondé des demandes visant à interroger le lien cancer/ondes, que l’ANSES, dans son rapport de 2016, incite à réduire l’exposition des enfants aux champs électromagnétiques, que l’OMS classe les ondes de téléphonie en 2B (peut être cancérigène), que Santé Publique France fait une publication sur l’augmentation des tumeurs cérébrales avec les ondes comme argument étiologique, l’État, lui, considère que la 5G doit se déployer sur tout le territoire au risque de ne plus être dans la course ? Tout cela se fait en dépit du principe de précaution qui devrait prévaloir à celui de la concurrence économique et industrielle ! Réclamons des études transparentes et sans conflits d’intérêts pour protéger la population présente et à venir.

La question éthique

Par ailleurs nous savons également que la multiplication des objets connectés comme des réseaux rend de plus en plus fragile toute cette matrice. L’actualité nous l’a démontré il y a peu sur notre territoire avec tout un hôpital se faisant pirater son service numérique en pleine gestion sanitaire avec la Covid 19, ou encore le data center qui a brûlé à Strasbourg et dans lequel beaucoup de services de notre territoire étaient hébergés. Nous allons entrer dans une ère de surveillance généralisée si nous ne faisons rien pour garantir nos libertés. Aucune information n’est réellement donnée aux élus et aux citoyens pour leur permettre de comprendre tous ces enjeux. Au lieu de cela les États continuent à entrer dans une course folle, comme des mouches dans un bocal, sans ce soucier des risques encourus mais la relance en bannière, l’intérêt économique et industriel comme fer de lance. Tout cela au mépris des réalités et sans aucune vision à long terme. Or, agir de la sorte revient à donner les clefs du pouvoir et du contrôle social aux géants du numérique. 

La question du sens

Nous sommes actuellement dans l’urgence. L’urgence climatique, l’urgence sociale, l’urgence éducative, l’urgence démocratique, l’urgence sanitaire, l’urgence économique. Comme le disait Einstein, “nous ne pou­vons pas ré­soudre nos pro­blèmes avec la même pen­sée que nous avons uti­li­sée quand nous les avons créés”. Nous devons donc urgemment nous questionner sur la société que nous voulons bâtir. Nous, Collectif Citoyens Porte des Pierres Dorées, souhaitons construire avec nos concitoyens, nos élus et les ressources de notre territoire, les solutions de demain.  Le numérique est une chance, une chance qui coûte de plus en plus cher et qui comme le pétrole n’est pas sans fin. Nous devons posément réfléchir à ce que nous voulons en faire. Quels sont nos besoins réels ? Pour quels usages ? Ce choix nous devons le faire ensemble, avec de l’information fiable et sans conflit d’intérêt, pour permettre à chacun de dépasser l’opinion pour accéder au choix éclairé et ainsi remettre la démocratie au cœur de nos vies et de nos cités.